Interview de Sagnol dans Le Progrès.fr du 18/05/10
Willy Sagnol dévoile son plan pour l'ASSE. Mais a présenté sa démission face aux réticences ou manœuvres internes !
Willy Sagnol, on parle beaucoup de votre venue à l'ASSE. Comment avez-vous pris la réaction de Christophe Galtier qui disait ne pas souhaiter travailler avec vous ?
J'ai eu Christophe Galtier au téléphone. La réaction qu'il a eue à la fin de ce championnat est une réaction que j'ai comprise. Elle est humaine car, depuis plusieurs semaines, il y a eu un mélange de maladresses, d'interférences dans la relation et un manque de communication.
Où en êtes-vous aujourd'hui ?
En décembre, Roland Romeyer m'a sollicité pour intégrer le Conseil de surveillance, pour mon expérience internationale et ma connaissance d'un grand club. Puis Bernard Caïazzo et lui m'ont demandé comment structurer le club pour qu'il devienne performant. Même si j'habite en Allemagne, j'ai essayé d'apporter des éléments de réponse par la présentation d'un organigramme structurel précis dont, depuis le début, Christophe Galtier faisait partie. Dans mon esprit, il était toujours l'entraîneur.
Est-ce toujours le cas ?
Oui bien sûr. Des rumeurs ont fait état de Courbis, Tigana, Olle Nicolle. Ce ne sont que des rumeurs.
Qui vous ont touché ?
Cela a pris une ampleur difficile à maîtriser. J'ai senti que ma présence, bénévole et désintéressée pour aider l'ASSE, amenait beaucoup d'instabilité. Ce n'est pas ce que je voulais.
Vous avez fait ça bénévolement ?
Bien sûr. Pour assister au Conseil de surveillance, je payais mon billet d'avion, la location de ma voiture, mon hôtel.
Vous avez parlé de votre proposition pour structurer le club. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Était prévue dans ce projet, l'arrivée de gens très qualifiés, dans le domaine administratif et financier, mais aussi bien sûr sportif, avec notamment un ancien joueur de l'équipe de France pour épauler Christophe Galtier, ce qu'il réclamait.
Pourquoi parler de ce projet au passé ?
Quand j'ai vu ce qui se passait, j'ai proposé ma démission du Conseil de surveillance.
A-t-elle été acceptée ?
Pour l'instant, elle n'est pas actée. La réunion du Conseil de surveillance est prévue en juin.
Ces idées vous tenaient pourtant, manifestement, à cœur ?
L'organigramme présenté aurait été, à coup sûr, très positif pour le club, les supporters, les collectivités locales. Des rumeurs ont fait état d'impossibilité financière à assurer cette organisation. Je veux y mettre un terme.
Tous ceux qui les colportent sont des menteurs. Jamais l'aspect financier n'a été évoqué avec les gens concernés. Ils venaient parce que le projet leur tenait à cœur à eux aussi.
Vous parlez de rumeurs. Qui les lancent ?
Il y a des gens qui se servent du club à des fins personnelles et veulent rendre impossible ma venue.
Il ne s'agit pas de Christophe Galtier ? Lui a dit ce qu'il avait à dire...
Non, bien sûr. Entre nous, il y a seulement eu des maladresses, nourries par d'autres de l'intérieur.
Quelle solution aujourd'hui pour sortir de cette situation ?
Les deux présidents qui avaient jugé l'organigramme présenté comme positif ont la balle dans leur camp. J'espère qu'ils prendront la décision qui ira dans l'intérêt du club. Que ce soit avec X ou Y, le club doit repartir sur de nouvelles bases.
Les deux dernières saisons ont montré les limites de certains et usé la patience des supporters, des collectivités, des partenaires et de tous ceux qui aiment Saint-Etienne. L'ASSE est aujourd'hui à un tournant.
Pourquoi ne pas vous être exprimé plus tôt ?
En Allemagne, tu ne parles pas tous les jours à la presse. Seulement quand tu as quelque chose à dire. Je travaillais dans mon coin et n'avais rien à dire tant que je n'avais pas fini. Je le fais aujourd'hui avant les attaques dont je pourrais faire l'objet.
Par exemple sur le fait que vous résidez en Allemagne ?
Oui, il a été dit que je ne voulais pas habiter à Saint-Etienne. C'est faux. Je viendrais y habiter si je suis au club.
Propos recueilli par Didier Bigard